Nous ne sommes pas sur terre pour regarder mourir le Congo

Nous ne sommes pas sur terre pour regarder mourir le Congo

Depuis plus de trente ans, l’est du Congo est le théâtre d’un drame humain sans précédent : des millions de morts, des violences sexuelles massives, des villages entiers rayés de la carte, une jeunesse sacrifiée. Ce n’est pas une catastrophe naturelle. C’est un crime géopolitique. Une guerre économique. Une guerre d’occupation. Une guerre d’effacement.

Et pourtant, le silence domine.
L’indifférence plane.
L’hypocrisie règne.

Dans cette vidéo poignante, Maud-Salomé Ekila, journaliste et activiste panafricaniste, dénonce avec lucidité et colère la trahison des élites congolaises : ces "nègres de maison", pour reprendre l’expression de Malcolm X, qui détournent 70 % du budget militaire, pendant que leurs compatriotes meurent à petit feu, dans l’est du pays.

Ce n’est pas une simple faillite politique. C’est une organisation du chaos, pensée, planifiée, prolongée depuis les indépendances. Car tout a commencé quand Patrice Lumumba, héros d’un peuple libre, a osé dire non à l’humiliation, non à la domination, non à la recolonisation par d’autres moyens. Un non fondateur, que l’Occident n’a jamais pardonné au peuple congolais.

Aujourd’hui encore, ce non dérange.
Mais il ne se tait pas.

Dans la vidéo, Maud-Salomé apparaît portant fièrement un t-shirt Kwame Nkrumah, une œuvre de l’artiste Joy Hanoun. Un choix hautement symbolique : Nkrumah, père du panafricanisme moderne, visionnaire d’un continent uni et maître de son destin, semble veiller à travers l’image sur cette parole debout, cette mémoire qui résiste, cette lutte qui ne renonce pas.

Ce poème est pour elles.
Pour eux.
Pour les peuples debout.
Pour le Congo.
Pour la vérité.

Nous ne sommes pas sur terre pour regarder mourir le Congo

Nous ne sommes pas sur terre pour être spectateurs de nos vies,
Pas des ombres errantes dans les coulisses de l’Histoire,
Mais des flammes vives dans le brasier des luttes,
Des cœurs debout, là où l’humanité vacille.

Le Congo saigne depuis plus de trente années,
Mais ses plaies furent tracées bien avant le temps des larmes,
Quand Patrice Lumumba, l’âme droite, le verbe fier,
Osa dire non aux chaînes nouvelles, aux colons réinventés.
Un non trop digne, trop clair, trop dangereux
Alors on le fit taire, à coups de balles et de complicités.

Depuis, le sol de ce géant est devenu trésor convoité,
Et ses enfants, monnaie d’échange dans des jeux d’empires.
On a bâti des royaumes de silence
Avec des nègres de maison grimés en dirigeants,
Des marionnettes bien dressées, au service des maîtres,
Pendant que les vrais enfants du pays mouraient à petit feu,
Sous les yeux fermés du monde.

Mais nous ne sommes pas faits pour baisser les yeux.
Nous sommes sur terre pour penser, créer, collaborer,
Pour résister, pour parler haut là où l'on exige le silence.
Nous sommes un processus d’évolution collective,
Une conscience en marche vers l’idéal commun,
Une humanité qui refuse de pactiser avec l’injustice.

Car tant qu’un peuple agonise, notre humanité échoue.
Et tant que le Congo pleure, nous n’avons pas fini de lutter.

À travers cette publication, United Souls continue de porter les voix étouffées, les combats ignorés, les visages effacés de nos luttes collectives.
Nous ne vendons pas des t-shirts : nous portons des mémoires. Nous ne créons pas une marque : nous construisons un récit.

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